Sous-marin Saphir S602

Deux équipages, le Bleu et le Rouge, de 70/75 hommes chacun sont nécessaires pour armer un  SNA de type Rubis dont le Saphir est le deuxième. Pendant qu'un équipage est en opération, l'autre est à terre, en formation ou en congés (permissions). La maintenance est commune aux deux équipages.

Une vie ou chacun a la vie des autres entre ses mains.

Avec une moyenne d'âge qui oscille entre 22 et 27 ans, les sous-mariniers ne sont pas des marins "comme les autres",  des volontaires qui se plient à des exigences extraordinaires. Seuls les meilleurs ont une place dans un sous-marin nucléaire d'attaque. Sous l'eau, la moindre erreur n'est pas permise.

Confinés ? 

Recette : adaptée du livre de François Dupont, ancien commandant de sous-marin

Prenez 75 hommes, jeunes, enfermez les pendant plusieurs semaines dans un cylindre métallique de 73m de long et 7m de diamètre, Privez les de grand air, de soleil, d'épouse, compagne, amis, copains, famille, d'internet, de journaux, de nouvelles du monde extérieur. Ne les laissez dormir que de 4 à 6 heurs par jour à un rythme différent chaque jour dans des chambres de 4 à 12, prendre des repas toujours au même endroit à des heures différentes. Limitez la durée de la douche lorsqu'elle est disponible, rarement. Laissez mijoter 70 à 100 jours.

Le confinement pour cause de Covid19 , un confinement "royal".

A chacun sa place

 75 hommes (les SNA72 ne sont pas conçus pour embarquer des femmes), l'équivalent du village de Goux sur Landet - Doubs, se partagent l'espace disponible dans un cigare d'acier de 74m de long et 7m de diamètre abritant la "cocotte minute", un réacteur nucléaire.

Contrairement aux SNLE, les SNA72 type Rubis n'ont que deux ponts et de petites coursives ou l'on ne peut pas se croiser, "chaud devant, place". Tout n'est que détours et recoins ou chaque centimètre carré est exploité, "attention aux têtes".

La vie au fond des océans n'est pas de tout repos, même à plusieurs dizaines de mètres sous la surface le bateau peut rouler sous l'effet de la houle.

Seul le commandant dispose d'une chambre individuelle, les officiers par deux ou trois et le reste de l'équipage par chambres de 4 à 12. Les "passagers" dorment là ou il y a de la place, entre les torpilles et les missiles.

Par manque de place, deux repas sont servis à la cafétaria ou au carré. Le cuisinier ne dispose que de 6m2 pour préparer 150 repas par jour. L'infirmier n'a même pas de table d'examen.

Outre le luxe d'avoir sa propre "bannette", il y a moins de place sur un SNA que sur un classique de 1200 tonnes.

Exiguïté, promiscuité, les SNA sont une affaire d'hommes, une formidable aventure humaine.

Dans un sous-marin ou chaque membre de l'équipage dispose d'à peine un mètre carré d'espace en moyenne, la cohésion entre sous-mariniers est essentielle.

A l'intérieur, la vie s'organise entre le travail avec les fonctions minimum pour faire avancer et entretenir le bateau, le repos et d'autres fonctions complémentaires nécessaires pour accomplir la mission confiée au SNA.

Chacun des 75 hommes à bord occupe un poste défini, du "pacha" au cuisinier en passant par le "sorcier" (infirmier), "l'oreille d'or" , les ingénieurs spécialisés dans divers domaines et les autres métiers nécessaires au fonctionnement du bateau ainsi que la mise en oeuvre des installations embarquées. Soumis à la pression permanente de la mission, ils doivent accomplir leur fonction, une priorité. 

Tranches A et B : les mécaniciens et électriciens ont en charge le pilotage du réacteur nucléaire, la production et la distribution de l'énergie pour tout le bord, la conduite de l'appareil propulsif, la production d'eau douce,.....

                                                                  Poste de Conduite Propulsion  et CTA    - Photos Fred Gd Nord 2000                                       

Tranche C : C'est dans cette partie du sous-marin que l'on trouve le plus grand nombre de métiers au mètre carré, 80 % de l'équipage dans un tiers du bateau.

Commandant, officiers, officiers mariniers et quartiers-maîtres assurent les fonctions dans les domaines divers tels que : Détection sous-marine,  Electrotechnique, Instrumentation, Mécanique, Médical, Navigation - Timonerie, Opérations navales, Restauration, Systèmes d'armes, Transmissions et réseaux.

Une tranche du bateau ou l'on travaille

                                                    Central : 16 ans séparent ces deux photos 1984 / 2000  

                                                                                 CO et carré Officiers  

                                                                             Poste de propreté et cuisine  

Une tranche du bateau ou l'on se restaure et ou l'on se repose

                                                                           Cafétaria et carré officiers 

Au quotidien, une majorité des sous-mariniers à bord assurent leur fonction de conduite / surveillance / exploitation par tranches horaires, appelées le quart, décalées sur un cycle de trois jours (24 heures de poste en 72 heures, les mêmes heures tous les 3 jours).

D'autres en raison de leur métier ont des horaires de travail différents, à la journée comme "monsieur tout le monde", commandant, cuisinier, maitre d'hotel,  instrumentiste,  ... 

Pour tous, en plus de leur quart vient s'ajouter l'entretien du bateau à la mer ( le fameux poste de propreté), les dépannages....

Afin de réussir la mission dans des conditions de sécurité chaque sous-marinier doit maintenir  ses acquis et ses réflexes. Des conférences, des exercices (incendie, voie d'eau, avaries, ...), cours de secourisme et bien sur en exercice ou en situation réelle selon la mission, le poste de combat.

                                                        Conférence sur la "cocotte minute"  et exercice incendie

                                                            Ronde d'étanchéité et cours de secourisme

                                                                                       Poste de combat 

OUF ! Enfin un peu de répit

Pour améliorer leur quotidien, les sous-mariniers ne manquent pas d'imagination : repas d'anniversaires, passages de lignes, séances télé, jeux, sport en tranche torpille ou tout simplement lecture au calme dans la bannette. Un sous-marinier, même éloigné de sa base, reste avant tout un militaire et si la tenue est moins stricte à bord qu'à terre, un petit tour chez le coiffeur "ne nuit pas à l'avancement".

 

                                     Repos dans un coin tranquille loin de la cafétaria  et l'étape du tour

 

                                                     Moment calme dans la banette et Tarot à la caf.

                                                              Passage de la ligne avec remise de diplôme

                                                                  Coiffeur et corvée de bibine avant de partir

Un lien avec le monde extérieur ?  Tous les membres de l'équipage reçoivent, chaque semaine, un message le "Famili", 25 mots en 1984, peut être plus maintenant). Ce message écrit par une personne de son choix (épouse, ami-e, parent,...) est relu maintes fois par les autorités avant d'être distribué. Actuellement l'E-mail a remplacé le "famili".

La mission exige que le sous-marinier ne reçoive pas de mauvaises nouvelles.

Terre

Après de longues semaines passées sous la surface de l'eau, le premier plaisir du sous-marinier est de respirer l'air frais de l'extérieur, puis la vue de la côte et enfin le Saphir à quai.  Une tradition veut que lorsqu'une personne quitte le sous-marin, mutation, retraite,... cette personne privée de douche à bord doit "prendre un bon bain". Au retour de chaque mission, les heures de plongée sont comptabilisées sur un précieux sésame, le livret de plongée.

                                             Bouffée d'air dans la baignoire - terre à l'horizon

                                                              Un futur retraité et le précieux sésame

Merci à  Fred et Phil pour les photos.